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LA MAISON DU SEXE DE SAINT  SAUVEUR
roman érotique et humoristique
dès le 7 Avril 2015
il est diffusé sur un autre blog
à cause de son carractère érotique

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deuxième épisode

Je ne puis alors m’empêcher de sourire, face au regard inquiet de mon interlocuteur, qui leva lentement les yeux vers moi, attendant une réponse.
« - Tiens ! Tiens ! Nous serions une secte ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? »

Georges haussa les épaules, fit un quart de tour comme pour s’en aller, puis me fit face à nouveau :
« - Le mec m’a dit comme ça, que nous étions dangereux, que les communautés comme la nôtre étaient un fléau pour l’humanité. Il n’était pas le seul à dire ça, les autres aussi, le patron du bar en tête. Paraîtrait même qu’on organise des orgies sexuelles. »
Là je ne pus retenir un éclat de rire bruyant.
« - Vraiment des orgies ? Mais où sont les femmes, bon Dieu ! Où sont les femmes ? Ou sont les femmes ? Je me mis à chanter sur l’air d’une chanson bien connue. Je continuai d’essayer de le rassurer.
- Comme tu l’as sans doute remarqué, nous sommes entre hommes, ma compagne n’est là qu’à mi-temps et c’est la seule résidente féminine.
Enfin tu te rends compte que tout cela n’est que bavardages sans fondement. Tu es chez nous depuis peu, mais c’est l’évidence qu’il n’y a pas chez nous, ni d’orgies sexuelles, ni de secte.
- Ouais, mais quand même ! Ça fait drôle d’être catalogué comme ça, me répondit laconiquement Georges
- Tous ces propos en l’air ce sont des médisances qui ne doivent pas avoir aucune prise sur nous. Laissons dire, les événements eux-mêmes détruirons la rumeur, avec le temps tout s’arrêtera. Et qu’est-ce que tu leur as répondu à ces braves gens ?
- Comme vous dites, que nous étions que quatre hommes en ce moment, que la vie ici était assez éloignée de ce qu’ils imaginent. Mais ils sont convaincus que je suis manipulé, que je ne peux plus voir la vérité en face.
- Tu es mon prisonnier, tu ne peux plus m’échapper, attention je vais te violer, continuai-je en plaisantant. »
La conversation se termina par un éclat de rire. J’avais réussi à dédramatiser la situation. De telles accusations pouvaient porter préjudice dans des oreilles fragiles et méfiantes.
A partir de ce jour là, sans le montrer aux autres je fus moi-même angoissé, cherchant la meilleure attitude à prendre devant mes pensionnaires, pour que rien ne paraisse.

Mais les jours suivant, je constatai que dans le village la rumeur s’amplifiait. Puis arriva ce matin d’avril ounous devînmes des suspects. Le temps toujours sec, d’une fraîcheur en dessous de la moyenne saisonnière. Un ciel sombre, plombant toute gaité, déversait sur nous son spleen monotone.Vers les neuf heures, ils arrivèrent en camionnette bleue avec gyrophare.

Quand la société se sent menacée, même par rumeur interposée, sans preuve tangible, elle se met donc en quête d’indices pour alimenter l’eau à son moulin. C’est ainsi que les pandores arrivèrent chez nous. Trois gendarmes descendirent du véhicule administratif. Apparemment sans mandat de perquisition, ils s’invitèrent d’eux-mêmes,pénétrant dans l’enceinte de la cour de la ferme. Je fus à la fois étonné et inquiet devant ce comportement des gendarmes, sûrs d’eux-mêmes, pour manquer aux plus élémentaires règles de procédures pour investir ainsi des lieux privés. Ils me demandèrent de décliner mon identité et de les conduire sur tout le terrain non bâti de la propriété. Faisant le tour de la maison, ils se dirigèrent de suite vers mon potager, dont quelques plans de petits pois commençaient à émerger de terre. Leurs questions se résumaient à
« ces quoi ça ? » tout en désignant les différentes feuilles pointant leur bout du nez ; leur répondant naïvement, n’ayant rien à cacher. Au fur et à mesure que nous parcourions le terrain autour de la maison j’étais de plus en plus curieux de connaître la raison de ce qu’ils cherchaient. L’un des gendarmes, s’arrêtant devant moi, me posa enfin la question en me tutoyant :
« - Où caches-tu tes pieds de cannabis ? »

Je ne puis alors m’empêcher d’éclater de rire, surpris par cette question. On me soupçonnait donc de cultiver des plantes interdites. Un autre policier reprenant aussitôt :
« - Du cannabis ou du pavot, tu reçois ici des drogués, peut être que tu les approvisionnes par une culture maison ? C’est ce que certaines personnes, au village affirment.


- III –


Pendant ce temps là, au bar du commerce, trois hommes, devant leur petit vin blanc du matin, commentaient déjà l’événement.
« - J’vous dis qu’ça va chauffer, la maréchaussée est chez eux, pour sûr qu’ils vont trouver quelque chose, annonça aux autres le plus jeune des trois.
- Peut être pas, y sont malins là-bas, répond le plus vieux.
- Enfin ! Gaston, tu reçois chez toi des drogués ? Non, n’est-ce pas ? Questionna le plus jeune
- J’n’en vois pas la raison, fiston répondit le fameux Gaston.
- Crois-moi, s’ils accueillent des drogués à la ferme de la Barre, c’est qu’ils ont intérêt à le faire.
- Bien sur, le fric ! Intervint le patron du bar

- Va savoir ce qui se passe derrière leurs murs ? Hein Gaston ? Tu ne devines pas ?
- A vrai dire ce qui s’y passe, je m’en fou un peu.
- Tu oses dire cela, mais tu es inconscient, ils sont dangereux, c’est une secte, commenta le jeune homme. En plus ils trafiquent la drogue pour alimenter leur bas d’laine. D’ailleurs, j’ai lu dans le journal que les sectes recrutent des paumés, des clodos, des drogués pour mieux les manoeuvrer et sous prétexte de bonnes oeuvres, ils ramassent des milliards.
- Avec quels sous ont-ils achetés leur ferme ? Ils l’ont payée cash ! C’est l’agence immobilière qui me l’a dit, répondit le
patron, ajoutant, faut pas chercher plus loin, c’est en traficotant.
- Faudrait-l’dire au père Lefébure, qu’il fasse attention à sa fille qui fricote avec l’un d’eux, ajouta le dénommé Gaston »


Tandis que chez nous les gendarmes repartirent comme ils étaient venus, sans rien trouver, puisqu’il n’y avait rien de répréhensible à constater dans notre potager. J’ai du leur expliquer qui étaient ces fameux drogués que je recevais chez moi.
Le terme d’ex-drogués étant en fait plus proche de la vérité. Des hommes qui venaient de subir une cure dedésintoxication dans un centre adapté et ici, chez nous, ils réapprenaient à vivre normalement. A se lever, travailler, prendre des repas et se coucher à heures fixes. Leur but, retrouver un rythme de vie dont l’univers de la drogue les avait éloignés. Mes intérêts, dans l’affaire ? Sur le plan finance, l’association qui me les envoyait me versait pour les frais de séjour de chacun d’eux, la somme de quatre mille francs par mois. Il n’y avait là que peu d’argent pour s’enrichir. Ils étaient aussi des bras bénévoles pour toutes les tâches de rénovations accomplies. Jamais il ne me serait venu à l’esprit de cultiver quoique ce soit qui puisse être, d’une part interdit et d’autre part sujet à faire rechuter des personnes aussi fragiles.
Cette visite m’édifia sur les circonstances du comportement de mes concitoyens avec leurs idées toutes faites. Etant eux mêmes dangereux, leurs réflexions à notre sujet reposant sur l’imagination collective, sans preuve, que des suppositions
transmises de bouche à oreille ; suffisantes pour alerter la police. De l’état d’innocent présumé on en fait vite un coupable idéal. Les gens qui ne sont pas concernés par les problèmes de drogue, n’ont aucune connaissance réelles des difficultés
engendrées par ceux et celles qui veulent s’en sortir. Pareil pour les sectes, on en parle tellement souvent dans les médias,
que les braves gens en voient partout.
Chaque repas est pris en commun. Ce moment privilégié dans la salle à manger invite au dialogue. Comme tous les soirs, c’est moi qui prépare le dîner. Quatre hommes ce soir là autour de la table. Ma compagne était de service à son travail à Paris. Pendant que je cuisinais chacun avait ses petites habitudes. Georges, le plus timide, le plus influençable de tous, passait beaucoup de temps sur des réussites avec ses jeux de cartes. Raymond, le taciturne, véritable armoire à glace, le crâne rasé, la voix rocailleuse imitant à la perfection Bohringer (l’acteur) Un peu « bête de somme », c’était Raymond que l’on venait chercher pour charger quelque chose de lourd, de pénible. Jamais il ne rechignait devant la besogne, toujours disponible. Après le travail il était comme âme en peine, ne sachant quoi faire de ses dix doigts, ni de ses loisirs. Primaire dans ses réflexions, il attendait là, le cul sur une chaise, que le temps passe. Pierre, le plus jeune des trois, vingt ans, drogué depuis l’âge de onze ans, ayant vécu toute une série de malheurs depuis son enfance et vraiment désireux de s’en sortir, s’accrochait ici, d’autant plus qu’un mois auparavant, il avait fait la connaissance d’une fille du village, dont il était tombé amoureux. Pas très grand, nerveux et maigre, il ne tenait pas en place et malgré de deux mois de présence active chez nous, il ne se sentait pas encore prêt à affronter, seul, la société active par ses propres moyens. Quand il se mettait en colère, souvent pour pas grand-chose, il explosait, se roulait par terre, comme une colère d’enfant. Tout ce qui se trouvait à portée de main se retrouvait brisé. Ce soir là, à table, tout était calme, trop calme, pas un seul mot de personne. L’inquiétude trempait dans l’assiette de mes pensionnaires.

suite au prochain épisode

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